Dès la fin du XIIIème siècle, on cite, dans un texte en latin, un pont sur l’Adour.
Après l’incendie d’Aire vers 1290, l’évêque Pierre Ier appelle en paréage le roi d’Angleterre, Edouard Ier, duc de Guyenne. Ce dernier concède à Guillaume de Loupgrate (seigneurie près de Mont de Marsan) les droits de péage du pont, au détriment des jurats et des habitants d’Aire.
On en ignore l’emplacement exact, cependant l’abbé Légé, curé de Duhort voyait encore, au milieu du siècle dernier « les piliers plus ou moins couverts par les eaux ou graviers des anciens ponts de l’Adour et juxtaposés à très faible distance ».
En 1746, le roi Louis XV accorde à l’évêque Sarret de Gaujac l’autorisation de construire un pont sur l’Adour. Son financement de 18 000 livres fut obtenu par une « moyade », droit d’octroi pendant dix ans sur les barriques de vin vendu au détail (3 livres si elles venaient du lieu et 6 livres pour une provenance étrangère).
Dès 1747, on réalise le sondage et les fondations. La première pierre est posée par l’évêque en 1748. Ce pont de sept arcades se trouve dans l’alignement de la rue du Nord (rue Dutilh) et de la rue Pannecaut (rue Carnot). Le pont de 1763 était dans l’orientation de la place de la Liberté et de la rue Carnot. La construction se fait par corvées, on y est soumis à deux lieues à la ronde, dans un climat de crise de subsistance du fait de la disette. Les pierres extraites des carrières des Arrebauts, du bois de Casamont, de Bernède, Corneilhan, Laryigeau, Clèdes sont charroyées quotidiennement par des attelages de bœufs. Il est définitivement achevé en 1763. Ce pont va permettre la naissance d’un nouveau quartier, la Pologne. Les premières maisons s’établiront place de la Liberté.
De 1771 à 1789, le fleuve ne coule plus perpendiculairement au pont, abandonne son lit en aval, emportant sur la rive gauche une partie du bois de chêne des Graverots, promenade des Aturins. On contient alors le fleuve par une nouvelle digue. Cette dérive du courant active le travail de sape sur les piles et fait apparaître des lézardes.
Le 17 février 1793, à l’occasion d’une crue, vers 14 h, les premières et deuxièmes piles, côté nord, cèdent et entraînent la mort de cinq personnes. Alors que l’on comptait « un passage continuel la nuit comme le jour » sur ce pont, cet écroulement est une catastrophe pour la ville : le trafic est interrompu sur les six routes royales, portant préjudice à la circulation des céréales exportées vers le Béarn et des vins du Vic-Bilh. L’approvisionnement des habitants en bois de chauffage et de charpente est aussi perturbé. Dès le 24 mars 1793 et jusqu’en 1828, la traversée se fera « dans un mauvais bac ». Le passage est dangereux, parfois accompagné d’accidents terribles. C’est ce bac qu’emprunte en 1823 la Duchesse d’Angoulême qui se rend en Espagne.
En 1822 et 1827, on parle de la reconstruction du pont. Le Conseil municipal délibère le 23 mai 1828 pour le rétablissement du pont d’Aire puis le 6 juin 1828 pour la construction d’un pont en bois de 40 000 francs, financé par la vente de 200 ha de bois communaux. L’opportunité du passage à Aire de la Duchesse du Berry qui se rend dans les Pyrénées précipite cette construction. Le Conseil municipal, sollicité par le Préfet pour couvrir la dépense décide le 27 juin 1828 la construction d’un pont de bois. Cela se fera grâce à une souscription qui permet de recueillir 10 000 F parmi les 4000 habitants de la ville, remboursables par un péage. En quinze jours l’ingénieur Goury jette quinze travées en bois (pin et peuplier) entre la rive de Jaunet (à l’emplacement de l’ancien abattoir) et la rive droite. Le 19 juillet 1828 le pont est achevé ; on le baptise « pont de Madame ». À son entrée, la Duchesse trouve un obélisque imitant le marbre blanc.
En l’honneur du zèle de l’ingénieur Goury, la ville donna, en 1840 son nom à une place située à l’entrée du pont actuel.
Le pont de bois résista jusqu’au 5 août 1832 où il est emporté. La traversée de l’Adour s’effectue à nouveau par un bac ! Le « pont de Madame » eut le mérite d’obtenir la reconnaissance de la Duchesse de Berry. Celle-ci intercéda auprès du gouvernement pour obtenir le financement d’un pont de pierre.
Construit dès 1833, d’après les plans de Goury, sous les ordres de l’ingénieur Silguy, il est livré à la circulation en 1834. C’est le pont sur lequel nous franchissons aujourd’hui l’Adour, et qui fut élargi en 1961 avec pose d’une barrière métallique. Après la construction du pont, mise en place de pierres le prolongeant perpendiculairement sur une centaine de mètres sur les deux rives, en amont et en aval.
Le 9 février 1961, le Conseil municipal délibère pour l’élargissement du pont. L’élargissement est utile pour la circulation urbaine, il est surtout nécessaire pour l’amélioration du transit, sur la route nationale Bordeaux-Pau, des véhicules poids-lourds et convois exceptionnels.